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  • Photo du rédacteurThierry Bedossa

DHA : un impact positif avéré chez les vieux animaux

Acide gras poly-insaturé de la famille des omégas 3, l’acide docosahexaénoïque ou DHA possède diverses propriétés, utiles notamment chez l’animal senior pour prévenir ou ralentir l’évolution de certaines maladies chroniques liées à l’âge. Parmi elles, le syndrome de dysfonctionnement cognitif canin peut être amélioré de façon intéressante par une supplémentation nutritionnelle en DHA.


Le DHA pour acide docosahexaénoïque est un acide gras polyinsaturé de type oméga 3. C’est un antioxydant particulièrement concentré dans les phospholipides membranaires des neurones du cerveau.


Si les déficiences en DHA et les troubles qu’elles occasionnent sont assez documentées, les bienfaits d’une supplémentation le sont moins.


Pourtant, vu son rôle structurel et métabolique, cet acide gras en a beaucoup. Or chez le chien, même s’il n’est pas, à proprement parler, qualifié d’essentiel car cette espèce sait le synthétiser, il le fait cependant en trop petite quantité pour pouvoir espérer profiter de ses bienfaits. Les chats eux en sont incapables.


Cet acide gras doit donc être apporté à ces carnivores domestiques en quantité adéquate par l’alimentation.


Acide gras poly-insaturé


Pour rappel, le DHA est ce qu’on appelle un acide gras - donc une chaîne d’hydrocarbures dotée d’un groupement carboxyle - poly-insaturé, c’est-à-dire pourvu de plusieurs doubles liaisons formées par élimination de certains atomes d’hydrogène de la chaîne carbonée. La première d’entre elles est située à trois atomes de carbone de l’extrémité méthyle, d’où le nom d’oméga 3.


Cette définition a son importance car ces propriétés structurelles permettent au DHA d’intervenir au niveau des cellules et notamment d’être incorporées dans leurs membranes.

Outre un rôle structurel et énergétique, le DHA a également un rôle précurseur dans la formation de médiateurs lipidiques dont certains interviennent au niveau de l’inflammation.

Une importante découverte récente concerne ainsi le rôle anti-inflammatoire du DHA, découverte permise par le décryptage beaucoup plus fin des mécanismes moléculaires de l’inflammation ces dernières années.


Découverte de la résolution


Les recherches ont notamment mis en exergue une phase particulière de l’inflammation : la résolution ou catabase. C’est une phase transitoire qui permet d’éviter le passage à un état inflammatoire chronique. Ses médiateurs (résolvines, protectines, marésines) sont synthétisés à partir des acides gras poly-insaturés oméga 3. Et parmi eux, le DHA a l’avantage de ne donner naissance qu’à des médiateurs pro-résolution, sans aucun rôle inflammatoire.


Or l’inflammation est une composante de nombreuses maladies et notamment de certaines affections dégénératives liées à l’âge.


Et l’intérêt du DHA va au-delà de ce signal d’arrêt de l’inflammation. Il intervient notamment au niveau du fonctionnement du système nerveux et contribue à assurer la fluidité fonctionnelle des neurones. Il participe aussi à la protection des cellules nerveuses et à la transmission de l’influx nerveux.


Importance de l’inflammaging


Toutes ces propriétés font que cet acide gras poly-insaturé est particulièrement indiqué en supplémentation à deux stades physiologiques : chez le jeune, dans le cadre du développement cognitif, et chez l’animal senior, pour le bon fonctionnement de différents organes (cerveau, rétine, reins, système cardiovasculaire) et la prévention des maladies dégénératives liées à l’âge.


Ainsi, l’intérêt d’un apport supplémentaire en DHA a été validé dans certaines situations pathologiques au rang desquelles figurent l’arthrose, l’insuffisance rénale chronique, certaines cardiopathies ou encore le syndrome de dysfonctionnement cognitif canin, autant d’affections qui touchent préférentiellement l’animal âgé.


Ce dernier est en effet victime d’un certain nombre de phénomènes inflammatoires liés à l’âge, regroupés sous le nom d’inflammaging par les anglo-saxons. Lorsque l’animal vieillit, son niveau de base inflammatoire augmente ce qui conduit à un état d’inflammation chronique, de faible intensité et généralisé dans l’organisme.


L’inflammation, si elle est indispensable à la vie, car elle constitue sa première ligne de défense quand il subit une agression, fait donc aussi partie des processus qui participent au vieillissement, au même titre que le métabolisme ou l’épigénétique (mécanisme qui modifie l’expression des gènes).


Et tous les animaux ne sont pas égaux devant le vieillissement.


Deux phases du vieillissement


On en distingue notamment deux phases : la maturité, quand l’animal a atteint 50 % de son espérance de vie, et la gériatrie, quand il est dans le dernier tiers de son espérance de vie.

Chez les chiens, l’espérance de vie est inversement proportionnelle à la taille.


Les petits chiens entrent dans la maturité à 8 ans et dans la gériatrie à 12 ans tandis que ces seuils sont de 7 et 10 ans chez les chiens moyens et de 8 et 12 ans chez les grands chiens.


Chez le chat, l’âge de la sénescence est un peu plus « standard », les variations phénotypiques dans cette espèce étant moins marquées. La maturité survient autour de 7 ans et le vieillissement intense à partir de 12 ans.


L’animal senior devient sujet à un certain nombre d’affections dégénératives qui sont potentiellement améliorées par un apport alimentaire complémentaire en DHA.


En effet, avec l’âge, la microflore intestinale se modifie en faveur de bactéries qui produisent plus de molécules pro-inflammatoires. Un organisme vieillissant devient également plus sensible au phénomène d’inflammation physiologique qui accompagne toute prise alimentaire. Il est par ailleurs concerné par l’accumulation de cellules sénescentes, des cellules endommagées qui ne sont plus capables de jouer leur rôle correctement et produisent elles-mêmes des molécules pro-inflammatoires.


Fond généralisé d’inflammation


Un chien ou un chat âgé est donc l’objet d’un fond généralisé d’inflammation, elle-même à l’origine du développement d’un certain nombre de maladies chroniques : cancers, insuffisance rénale, diabète, ostéoarthrite.


Corolaire de cette découverte : la prise en charge de ces maladies liées à l’âge bénéficie d’un traitement du fond d’inflammaging qui les favorise.


Et à ce niveau, le DHA apporté par voie d’aliment complémentaire a fait la preuve de son efficacité.


Cet acide gras est particulièrement intéressant dans la prise en charge d’une maladie bien connue en médecine comportementale : le syndrome de dysfonctionnement cognitif du chien âgé (SDA).


Également appelée démence du chien ou « syndrome du chien âgé », c’est une maladie neuro-comportementale caractérisée par un déclin progressif des fonctions cognitives : désorientation, altération des relations aux humains et aux autres animaux, de la propreté, du cycle veille-sommeil et changements des habitudes (activités). Les troubles du comportement du chien âgé présentent de nombreuses similitudes avec la maladie d'Alzheimer chez l'Homme.


Plus d’un chien sur cinq âgé de 10 ans et plus serait concerné.


Supplémenter en DHA pour prévenir l’inflammaging


Il s’agit d’une véritable maladie et non d’un effet collatéral normal du vieillissement.


Le diagnostic est clinique et peut être confirmé par certains examens complémentaires comme des tests comportementaux ou le dosage de certains biomarqueurs comme la protéine C kinase, en cours d’investigation.


L’étude du vieillissement cérébral décrit des modifications macroscopiques et microscopiques. Les chiens atteints de SDA montrent des changements spécifiques comme l’accumulation de plaques beta-amyloïdes qui elle-même augmente la production de radicaux libres causant un stress oxydatif et une inflammation.


Pour rappel, le DHA est l'un des principaux lipides structurant dans le cerveau. Il est concentré dans les phospholipides membranaires au niveau des synapses et autres membranes neuronales. Il est essentiel pour le fonctionnement cellulaire, la mémoire et les processus cognitifs chez les animaux et les humains. Chez les animaux âgés, la perte de mémoire survient à cause de déficiences en DHA.


Pour le SDA aussi, l’inflammation joue un rôle critique dans la pathogenèse et agir sur ce levier fait partie du traitement.


Prévenir l’inflammaging et sa cohorte d’effets indésirables peut donc se faire par une supplémentation nutritionnelle en DHA.


On trouve cet acide gras dans l’huile de poisson, l’huile de krill ou l’huile d’algues.


Un apport de 8 à 10 mg par kg d’acides gras oméga 3 quotidien est recommandé. Le DHA étant fragile, il doit impérativement être conservé au froid, à l’abri de l’air et de la lumière.



Bibliographie

Hanse et al., J Nutr. Biochem. 2008

Fritsch et al., J Vet Intern Med. 2010

Plantinga et al., Vet Rec 2005

Brown SA et al., Vet Clin 1996

Thèse de doctorat vétérinaire : Etude de la supplémentation en huile de krill chez les carnivores domestiques, Charlotte Devaux, VetAgro Sup, 2012.

Chronic inflammation (inflammaging) and its potential contribution to age-associated diseases, Claudio Franceschi, Judith Campisi, J Gerontol A Biol Sci Med Sci, juin 2014.

Les ebooks dédiés sur le site internet : https://www.arcanatura.fr/nos-ebooks/

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