Le Dr Thierry Bedossa est favorable à une évolution de la loi sur les « chiens dangereux » qui ne mette plus à l’amende certains chiens en fonction de critères morphologiques et raciaux mais qui se base sur une détention responsable de la part de propriétaires avertis et formés.
"Grâce à la diagnose et à l’évaluation comportementale, si elle est assortie de recommandations adéquates pour circonscrire la dangerosité, nous pourrions sauver presque tous les « chiens dangereux » pour peu que leurs propriétaires soient responsables et en mesure de leur offrir des conditions d’hébergement appropriées à leur dangerosité potentielle.
Il faut s’appuyer sur l’expérience de la loi pour obtenir qu’elle soit levée et tenir compte des données disponibles sur les morsures notamment qui ne mettent jamais en avant les races catégorisées, bien au contraire.
Certes, des chiens comme les pitbulls peuvent être potentiellement plus agressifs envers leurs congénères (étude de Deborah L. Duffy et al., 2008) mais pas plus que d’autres races citées également dans cette publication comme l’akita inu. Cette dangerosité potentielle peut par ailleurs être circonscrite si le maître est averti et formé de manière à prendre les mesures de prévention nécessaires."
Diagnose morphologique : un acte à généraliser
La diagnose morphologique, réalisée impérativement par un vétérinaire, vise à confirmer ou infirmer l’appartenance d’un individu à une des deux catégories de « chiens dangereux ».
Instaurée en 2000 par le Pr Jean-François Courreau, professeur de zootechnie à l’école vétérinaire d’Alfort, la réalisation de diagnoses au sein de l’établissement a été reprise en 2015 par le Dr Thierry Bedossa, qui y a ajouté sa patte personnelle.
C’est un acte préalable obligatoire pour une « décatégorisation » de chiens présentant un profil phénotypique a priori compatible avec celui d’un animal de première ou deuxième catégorie.
La réalisation d’une diagnose est toujours être assortie d’un rapport circonstancié dans lequel le vétérinaire défend ses arguments.
En pratique, une grande majorité de chien peut être déclassée si on s’en tient à la comparaison avec les critères morphologiques listés en annexe de l’arrêté du 27 avril 1999 qui définit quatre morphotypes de référence (Tosa, American Staffordshire terrier, Rottweiler et Staffordshire bull terrier) et des chiens dits assimilables à ces races.
Etre de race implique l’attestation d’inscription à un livre généalogique reconnu par la FCI, dont le Lof pour la France même si le chien n’a pas ensuite été confirmé.
Le cas du Staffordshire bull terrier était flou initialement, l’arrêté citant le Staffordshire terrier. Il a été officiellement réglé et cette race n’est pas concernée. Les chiens non Lof ne sont pas non plus assimilables à des american Staffordshire terriers, la morphologie des deux races ayant fortement divergée. Aucun staffie n’est donc a priori catégorisable.
American Staffordshire terrier, Tosa inu et Rottweiler avec pedigree reconnu sont classés d’office en deuxième catégorie.
La situation est plus délicate pour les chiens assimilables par leurs caractéristiques morphologiques aux chiens de ces races. Ils sont classés en première catégorie pour ceux assimilables à l’American Staffordshire terrier (les pitbulls) et en deuxième pour ceux assimilables au Rottweiler.
En pratique, le vétérinaire s’aide d’un tableau de pointage listant la conformité aux différents critères de l’arrêté. Si la majorité des cases tend à la non-conformité, le chien est écarté de la catégorisation.
Réaliser une diagnose de race consiste, pour le vétérinaire, à faire son inventaire en reprenant les points listés par le législateur.
Le Dr Bedossa ne se contente pas de l’abord morphologique des chiens qu’il examine et s’intéresse logiquement au volet comportemental de manière à donner les recommandations appropriées aux propriétaires pour gérer au mieux leur animal.
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