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  • Photo du rédacteurThierry Bedossa

Radicaux libres : un rôle majeur dans le processus de vieillissement

Les radicaux libres, des molécules indésirables produites naturellement par l’organisme au cours de la respiration cellulaire, sont responsable d’un phénomène délétère impliqué notamment dans le processus de vieillissement : le stress oxydatif. Pour le contrer, on dispose cependant d’une arme redoutable : l’apport d’antioxydants par l’alimentation. Parmi les antioxydants les plus puissants figure un acide gras de type oméga 3 : l’acide docosahexaénoïque ou DHA.


« Radicaux libres » : on entend souvent ce terme - incriminé dans le processus du vieillissement, corrélé à une notion de « dégradation » - sans bien savoir ce qu’il recouvre.

Par définition, un radical libre est une molécule dont un ou plusieurs électrons sont célibataires sur l'orbite externe d'un ou de plusieurs de ses atomes. Ces radicaux libres sont très instables, donc très réactifs. Les radicaux libres sont également appelés Formes Réactives de l’Oxygène (FRO).


Parmi les radicaux libres, 10 % sont d’origine externe et 90 % proviennent du métabolisme normal (origine mitochondriale : ils sont produits à l’occasion de la respiration cellulaire).

Les radicaux libres sont en effet un des déchets du métabolisme de l’oxygène consommé pour la respiration. Cette molécule présente dans l’air subit un certain nombre de réactions chimiques dans l’organisme et, au cours de cette dégradation, les liaisons entre ses atomes sont rompues conduisant à des atomes déséquilibrés auxquels il manque des électrons pour pouvoir se stabiliser. Ce sont les fameux radicaux libres.


Pour devenir stables, ils vont s’attaquer à d’autres molécules pour récupérer leurs électrons en les oxydant (oxyder = « arracher des électrons »). Cela conduit à la production d’autres radicaux libres : c’est la cascade radiculaire. Les systèmes antioxydants de l’organisme sont alors dépassés et un déséquilibre s’installe. L’ensemble de ce phénomène est qualifié de stress oxydatif.

Cette réaction en chaîne est délétère pour l’intégrité des cellules. Et plus les radicaux libres sont nombreux, plus ce stress oxydatif sera important et ses effets négatifs marqués.


Risque de maladies chroniques majoré


Ces derniers peuvent être variés et vont des effets cutanés (le vieillissement prématuré et notamment les rides chez les humains, c’est, en partie, à cause des radicaux libres) aux cancers. Le stress oxydatif multiplie en effet les risques d’apparition de maladies chroniques.

Car, si les causes du vieillissement sont multifactorielles, voire pour certaines encore inconnues, on sait néanmoins de façon avérée que les lésions oxydatives occasionnées par les radicaux libres jouent un rôle majeur dans le processus.


Les cibles privilégiées des radicaux libres sont les lipides, les protéines et l’ADN. Les organes sont tous sensibles au stress oxydatif mais certains plus que d’autres.

Le cerveau, de par sa richesse en lipides, surtout des acides gras poly-insaturés, et sa grande consommation en oxygène, est une cible privilégiée du stress oxydatif. Par ailleurs, ses défenses antioxydantes sont limitées (d’autant plus si l’animal est âgé) et ses possibilités de cicatrisation réduites.


Dans le cerveau, les radicaux libres s’attaquent donc aux lipides ce qui provoque une altération de la perméabilité membranaire et une altération du métabolisme cellulaire.

A la clé, ces modifications se traduisent par des troubles visibles par les propriétaires d’animaux : changements comportementaux liés à la diminution des fonctions cognitives, sommeil perturbé, interactions réduites, etc.


Chez l’Homme, le stress oxydatif est très étudié dans le cadre de la maladie d’Alzheimer qui, dans sa pathogénie, pourrait inclure une augmentation de la production des radicaux libres et un stress oxydatif exacerbé, à l’origine des modifications cérébrales observées.

Des antioxydants pour rompre la chaîne de formation des radicaux libres

Si la formation des radicaux libres au sein de l’organisme est un phénomène physiologique inévitable, il peut néanmoins être exacerbé par divers facteurs environnementaux (pollution, exposition aux UVA…).


Il est donc important de combattre ces radicaux libres et, pour cela, la nutrition entre pleinement dans l’arsenal de lutte contre ces molécules indésirables.

En effet, une arme majeure contre les radicaux libres porte le nom d’antioxydants. Ces molécules permettent de rompre la chaîne de formation des radicaux libres dans l’organisme et de limiter ainsi les effets de vieillissement et de dégénération des cellules.

L’organisme est capable de produire des antioxydants endogènes mais, face à des taux élevés de radicaux libres, il est nécessaire d’apporter un surplus d’antioxydants par voie alimentaire.


Ces derniers sont en effet, et heureusement, présents dans diverses sources alimentaires et notamment dans certains acides gras comme l’acide docosahexaénoïque ou DHA (lire encadré). On connaît de nombreux autres antioxydants, parmi lesquels, les vitamines C et E, la lutéine, qui permet de stabiliser les membranes cellulaires, la taurine, un constituant principal du myocarde, des polyphénols, du lycopène de tomate… En fonction de leur nature, les antioxydants agissent à différents niveaux de la cellule.

Le DHA étant un acide gras, il va agir sur les structures lipidiques et notamment les membranes cellulaires.


L’efficacité des antioxydants face à certaines maladies du vieillissement a été prouvée. Chez les chiens âgés, les antioxydants permettent par exemple de réduire la perte de mémoire et des apprentissages qui survient en cas de dysfonctionnement cognitif (Milgram & al., 2002).

Autre antioxydant particulièrement efficace, le glutathion est le principal antioxydant cellulaire (il permet par exemple la réduction du peroxyde d’hydrogène en eau). Il est synthétisé par le foie à partir de méthionine : la méthionine donne la S-adénosylméthionine (SAMe) grâce à la SAMe synthétase, puis la SAMe est transformée en glutathion.

Lors d’atteinte hépatique, fréquente chez le chien et le chat âgé, les animaux ont une quantité de glutathion insuffisante, en lien avec la diminution de SAMe synthétase (produite par le foie) : la concentration en SAMe diminue donc, tout comme la concentration de glutathion (issu de la SAMe).


Le principal antioxydant de l’animal est alors en quantité insuffisante par rapport à ses besoins : le système antioxydant de l’organisme est dépassé et le stress oxydatif apparaît. La balance entre pro-oxydants (EROs) et antioxydants (glutathion) s’en trouve en effet déséquilibrée.


Un véritable cercle vicieux se met alors en place : le foie étant atteint, la production de glutathion diminue et donc le stress oxydatif sur le foie est encore plus fort. Les lésions hépatiques sont alors de plus importantes…


Pour le rompre, l’apport par voie alimentaire de S-adénosylméthionine (SAMe), précurseur du glutathion, permet de maintenir la balance d’oxydoréduction, en compensant la diminution de production de glutathion due à l’activité réduite de l’enzyme SAMe synthétase.

Il a été montré que les animaux présentant des affections hépatiques et complémentés avec de la SAMe, la teneur en glutathion revenait à la normale.


En plus d’augmenter la production de glutathion, et donc de protéger les cellules du stress oxydatif, la SAMe permet la régénération du foie en stimulant la synthèse protéique et participe aussi à la fluidité membranaire.


Associer SAMe et DHA chez les animaux âgés et/ou présentant des affections hépatiques est donc une bonne idée.


A noter qu’il existe aussi d’autres antioxydants intéressants pour l’hépatoprotection comme les vitamines E et C, la silybine ou le sélénium.



Le DHA : une arme efficace contre les radicaux libres


Le DHA pour acide docosahexaénoïque est un acide gras polyinsaturé de type oméga 3. Il fait partie de la famille des antioxydants et est particulièrement concentré dans les phospholipides membranaires des neurones du cerveau.


Si les déficiences en DHA et les troubles qu’elles occasionnent sont assez documentées, les bienfaits d’une supplémentation le sont moins.


Cet acide gras doit donc être apporté aux carnivores domestiques en quantité adéquate par l’alimentation car si le chien sait le synthétiser, il le fait en trop petites quantités pour espérer une quelconque efficacité, quant au chat, il ne sait tout simplement pas le synthétiser.

Pour rappel, le DHA est ce qu’on appelle un acide gras - donc une chaîne d’hydrocarbures dotée d’un groupement carboxyle - poly-insaturé, c’est-à-dire pourvu de plusieurs doubles liaisons formées par élimination de certains atomes d’hydrogène de la chaîne carbonée. La première d’entre elles est située à trois atomes de carbone de l’extrémité méthyle, d’où le nom d’oméga 3.


Incorporé dans les membranes cellulaires


Cette définition a son importance car ces propriétés structurelles permettent au DHA d’intervenir au niveau des cellules et notamment d’être incorporés dans leurs membranes.

Outre un rôle structurel et énergétique, le DHA a également un rôle précurseur dans la formation de médiateurs lipidiques dont certains interviennent au niveau de l’inflammation.

Une importante découverte récente concerne ainsi le rôle anti-inflammatoire du DHA, découverte permise par le décryptage beaucoup plus fin des mécanismes moléculaires de l’inflammation ces dernières années.


Les recherches ont notamment mis en exergue une phase particulière de l’inflammation : la résolution ou catabase. C’est une phase transitoire qui permet d’éviter le passage à un état inflammatoire chronique. Ses médiateurs (résolvines, protectines, marésines) sont synthétisés à partir des acides gras polyinsaturés oméga 3. Et parmi eux, le DHA a l’avantage de ne donner naissance qu’à des médiateurs pro-résolution, sans aucun rôle inflammatoire.


Or l’inflammation est une composante de nombreuses maladies et notamment de certaines affections dégénératives liées à l’âge.


Protection des cellules nerveuses


Et l’intérêt du DHA va au-delà de ce signal d’arrêt de l’inflammation. Il intervient notamment au niveau du fonctionnement du système nerveux et contribue à assurer la fluidité fonctionnelle des neurones. Il participe aussi à la protection des cellules nerveuses et à la transmission de l’influx nerveux.


Toutes ces propriétés font que cet acide gras poly-insaturé est particulièrement indiqué en supplémentation à deux stades physiologiques : chez le jeune, dans le cadre du développement cognitif, et chez l’animal senior, pour le bon fonctionnement de différents organes (cerveau, rétine, reins, système cardiovasculaire) et la prévention des maladies dégénératives liées à l’âge.


Ainsi, l’intérêt d’un apport supplémentaire en DHA a été validé dans certaines situations pathologiques au rang desquelles figurent l’arthrose, l’insuffisance rénale chronique, certaines cardiopathies ou encore le syndrome de dysfonctionnement cognitif canin, autant d’affections qui touchent préférentiellement l’animal âgé.


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